Au sein de l’ouvrage de Rohrbach, un officier a suivi un parcours particulier, fait d’engagement et d’actes héroïques. Le lieutenant Casso, qui a donné son nom à l’association, a eu une carrière militaire et civile exemplaire.

 

Né dans les Pyrénées Orientales, en 1912, dans le village de Valmanya,  Abdon Robert Casso commence sa carrière militaire à l’âge de 22ans, en 1934. Sorti major de promotion de l’École des mines d’Alès, il effectue son service national dans le Génie et obtient ses galons de sous-lieutenant de réserve. En septembre 1935, il est affecté au 1er Bataillon du Génie. Alors que la ligne Maginot est en construction, le jeune officier, alors lieutenant, est détaché à Bitche où il dirige la construction d’une dizaine d’ouvrages de fortification (dont six casemates et l’ouvrage de Rohrbach). Tout au long des travaux, le lieutenant Casso réside dans un coin de l’ouvrage, malgré l’humidité, le froid et un chauffage encore absent. Malgré la charge de travail importante, il démontre une motivation sans faille, transmet sa constante bonne humeur et des valeurs d’entraide aux ouvriers présents sur le chantier.

 

Les officiers de Rohrbach en Juin 1940. Debout: aspirant KALIS- Ltn HACQUARD. Assis Lnt DEMAZI - Ltn CASSO - Ltn JACQUOT- Cne DE SAINT-FERJEUX - Ltn Huet (coll Hauth))
Les officiers de Rohrbach en Juin 1940. Debout: aspirant KALIS- Ltn HACQUARD. Assis Lnt DEMAZI - Ltn CASSO - Ltn JACQUOT- Cne DE SAINT-FERJEUX - Ltn Huet (coll Hauth))

Affecté à l’ouvrage de Rohrbach, il est responsable du Génie de l’ouvrage et s’attelle au bon fonctionnement des installations tout au long de la « Drôle de guerre ». À la mi-juin 1940, alors que les troupes de la Wehrmacht progressent en France, l’ouvrage de Rohrbach reçoit l’ordre de couvrir la retraite des troupes d’intervalles, jusqu’au 17 juin, en tenant la position fortifiée. À l’issue de cette période, l’ouvrage devait être saboté et l’équipage devait rejoindre, à pied, les positions françaises plus au sud. Encerclé par les troupes allemandes à partir du 15 juin, le capitaine De Saint-Ferjeux, commandant de l’ouvrage, décide d’organiser la défense de la position. A partir du 21 juin, alors que l’ennemi attaque en surface, le lieutenant Casso s’active à la défense intérieure de l’ouvrage, qui reste invaincu au moment du cessez-le-feu. Le 30 juin, alors que l’équipage du P.O. de Rohrbach part en captivité sur ordre de l’état-major, le lieutenant Casso reste sur place quelques jours, en conformité avec les conditions de reddition de l’ouvrage, pour instruire les Allemands au fonctionnement des installations. Après quelques jours supplémentaires passés dans l’ouvrage, il part en captivité, imitant le destin des 25 000 hommes de la ligne Maginot.

 

Après trois mois passés en captivité, le lieutenant Casso s’évade et rejoint son épouse Jeanne, avec qui il rejoint son village natal, Valmanya (Pyrénées). Le lieutenant est choisi par les habitants de son village pour exercer la fonction de maire. Sous couvert de sa fonction, avec l’aide de sa femme Jeanne et de l’instituteur du village, il monte un réseau de résistance, dénommé « Sainte-Jeanne », en février 1941. L’activité de ce réseau consiste à faire passer des fuyards vers l’Espagne et à fournir des renseignements aux Alliés. Grâce à la qualité de son travail et l’exemplarité de son engagement, il est nommé chef de mission de 2e classe, le 1er mai 1944, dans le Nord-Est de la France. À partir de juillet 1944, les Allemands entrent en action contre les réseaux de résistance, dans les Pyrénées-Orientales. Le village de Valmanya est pillé, puis incendié. Le père du lieutenant Casso est déporté, au camp de concentration de Buchenwald. Après cet épisode, résolu à combattre l’ennemi à tout prix, Robert Casso s’engage dans le GII de la 3e armée US, et participe notamment à la libération de Metz. En avril 1945, il retrouve son père interné au camp de Buchenwald, tout juste libéré par les Alliés. Malheureusement, son père décède un mois plus tard, des suites de mauvais traitements.

 

Abdon Robert Casso est nommé capitaine, en mai 1945, et chef d'arrondissement du Génie, à Metz, à partir de 1947. En mars 1950, il part pour l’Indochine, où il est chargé d’organiser la défense de Na-San, attaquée à plusieurs reprises par le Vietminh. Ses actions en Indochine lui ont valu plusieurs décorations. De retour en France en 1953, il est nommé lieutenant-colonel, un an plus tard, puis colonel en 1958. Envoyé en Algérie, à la tête du Génie, en 1961, il démontre son gout pour l’action et son esprit d’initiative. En mars 1962, le colonel est grièvement blessé lors d’un attentat contre des installations militaires. Ses blessures l’obligent à un rapatriement en France

photo tirée du livre NASAN la victoire oubliée chez DACRES édition. édition spéciale hors commerce
photo tirée du livre NASAN la victoire oubliée chez DACRES édition. édition spéciale hors commerce

 En 1963, le colonel Casso obtient le commandement du régiment des Sapeurs-Pompiers de Paris. Il déclare : « Sauver des vies humaines, lutter contre tous les fléaux mais aussi tendre la main aux malheureux en détresse, rassurer par la présence, la tenue, le calme, l'efficience : Y a-t-il au monde mission plus noble pour les vieux soldats que nous sommes ? ». Il parvient à rattacher le régiment à l’arme du Génie (auparavant rattachée à l’infanterie) et à étendre le périmètre d’action du régiment à la petite couronne parisienne, aux Hauts-de-Seine, à la Seine-Saint-Denis et au Val-de-Marne. Ces profondes restructurations permettent au régiment de devenir la brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris. Le colonel Casso en devient le premier général. Il y développe la formation, modernise la brigade et développe de nouveaux procédés de secours, comme les ambulances de réanimation. Au cours de son engagement au sein de la brigade, pendant quatre années, il dirigea 97 interventions majeurs. Le 27 août 1970, atteint par la limite d'âge de son grade, le général Casso quitte la Brigade. Son engagement ne s’arrête pas, puisqu’il est élu maire du 17e arrondissement de Paris. Il exercera cette fonction jusqu’au mois d’août 1976.

 

 

 

Après 36 années au service de la France, dont 7 ans et six mois à la tête des Sapeurs-Pompiers de Paris, le général Casso décède à Paris le 25 février 2002. Pour honorer sa mémoire et en reconnaissance pour son œuvre exemplaire au service de la France, le conseil de la ville de Paris a donné son nom à une esplanade du 17e arrondissement de Paris, par décision municipale en 2008. L’inauguration a été faite en octobre 2011.

 

récit rédigé d'après la biographie du général Casso par le capitaine Louis-Marie Rémy

Télécharger
Biographie du général Casso
Le_Gal_CASSO_par_le_Cne_REMY_2017.pdf
Document Adobe Acrobat 2.8 MB